in another life (declan)

darkness can turn into light

Il faisait beau, Merlyn avait fini par se décider à sortir. Un pied dehors, puis l’autre, ce n’était finalement pas si compliqué. Le soleil sur sa peau lui faisait du bien, tout comme le flot des passants autour d’elle. Parce qu’ils ne la regardaient pas, parce qu’ils vaquaient à leurs propres activités, et que c’était tout ce qu’elle leur demandait. Elle aimait les observer, tous ces gens qui passaient. Elle avait toujours montré de la curiosité pour l’espèce humaine, presque autant que pour les animaux – bien que ce soit pour des raisons bien différentes. A un moment de sa vie, elle avait aimé imaginer ce qui se cachait derrière les visages et les corps. Elle inventait des histoires à chacun, prêtant des vies palpitantes ou au contraire ennuyeuses à mourir à ces inconnus qui la croisaient le temps d’une seconde. Ca faisait longtemps qu’elle ne s’était pas prêtée au jeu, des siècles lui semblait-il. Sans doute bien moins, mais l’engourdissement où elle se trouvait depuis des semaines lui semblait s’étirer sur un temps infini. Elle se rendit quand même compte que son imagination s’était rouillée, et qu’elle n’arrivait rien à tirer de l’observation des moldus autour d’elle. Elle ne voyait que des visages, mais aucune personnalité. Rien ne lui venait, pas la plus petite bribe d’histoire, pas même la plus banale. Ces gens étaient vides, tout aussi vides que l’était son cœur. Elle n’était plus capable d’inventer quoi que ce soit. Soupirant pour elle-même, elle se détourna du flot du centre-ville et laissa ses pas la mener ailleurs. La tête vide, une main posée sur son ventre qui lui semblait chaque jour un peu plus envahissant, elle marcha sans aucun but. Elle se retrouva finalement dans un parc immense, avec ce qui semblait être un petit bois au milieu – à moins que ce soit une vraie forêt ? Elle avait trouvé refuge dans son élément, constata-t-elle avec un vague sourire. Mais elle était quand même à Londres, et elle ne pouvait pas espérer trouver ce qu’elle cherchait, au fond. Pas de billiwig ou d’occamy, rien de ce qu’elle avait laissé derrière elle aux Etats-Unis. Peut-être juste un écureuil si elle avait de la chance …

Le souffle court et le dos douloureux, elle s’assit sur un banc à la lisière du bois pour reprendre sa respiration. Le bébé en son sein en profita pour s’agiter et pour donner des coups sous ses côtes sans faire preuve de la moindre délicatesse. « Hey, du calme là-dedans … » Souffla-t-elle en posant ses mains sur son ventre dans le vain espoir de l’apaiser. Il continua à remuer un moment et Merlyn prit son mal en patience, laissant ses yeux s’égarer autour d’elle. Son visage s’éclaira quand elle vit un écureuil filer devant ses pieds, s’arrêter une seconde devant elle pour la fixer, puis repartir en quelques bons vifs. Il s’arrêta dans l’herbe à quelques mètres et elle se tourna doucement sur son banc pour continuer de le regarder. Un sourire s’étalait à présent sur ses lèvres alors qu’elle détaillait le petit être frémissant, qui semblait faire peu de cas de sa présence toute proche. Elle regretta de n’avoir rien à lui donner pour l’appâter, sans penser à sa baguette au fond de sa poche. Tant pis, elle le laisserait filer … Soudain, elle vit une ombre sur l’herbe et elle poussa instinctivement un cri d’alerte pour le petit rongeur. L’écureuil fila en un battement de cœur, et la chouette piqua sur le vide, le manquant de peu. Merlyn gloussa, les mains sur sa bouche comme une petite fille, tandis que la chouette jetait vers elle un regard courroucé. « Désolée, je ne pouvais pas te le laisser. » La chouette resta immobile une seconde puis déploya ses ailes et alla se poser sur une branche, tout près de la jeune sorcière, son regard toujours fixé sur elle. A son comportement, et au fait qu’elle soit debout en pleine journée, Merlyn supposa qu’elle appartenait à un sorcier. « Quoi, tu m’en veux ? » Fit-elle, amusée. Elle se leva avec un peu de peine et alla se planter sous l’arbre où se trouvait la chouette. « Je m’excuse. C’était juste un réflexe, tu sais. » Elle tendit la main vers le beau rapace, qui ne bougea toujours pas. « Allez, viens ! Je m’excuse, je t’ai dit. » Au bout de quelques secondes où Merlyn continua de lui parler d’une voix douce, la chouette finit par venir se poser non pas sur son bras, mais sur son épaule. Un grand sourire éclaira le visage de la sorcière. « Tu es tellement belle, toi. »

par beloved.

@merlyn machen ― •• in another life

Son patron avait bloqué son accès à la réserve. La décision était extrême, mais il n’avait pas eu le choix. Declan ne comprenait pas le sens du mot vacance, ni même du mot vie. Après tout, le cracmol n’avait que le travail dans sa vie, rien d’autre. C’était malheureusement une fatalité très commune dans ce monde. Pas à sa place chez les sorciers, pas plus dans le monde moldu, l’homme se réfugiait dans un travail qu’il adorait, à s’occuper d’animaux qu’il admirait et respectait. C’était un très bon soigneur même s’il ne pouvait pas toujours tout faire, mais il compensait par une ingéniosité à faire pâlir les meilleurs sorciers. Ironiquement, et Declan l’ignorait, certains de ses collègues jalousaient la débrouillardise dont il faisait preuve, compensant l’absence de magie par des techniques qui ne leur seraient jamais venues à l’esprit. Fort heureusement, aucun n’osait s’exprimer à ce sujet devant lui ou même le patron. Là encore, Declan n’en savait rien, mais il était couvert et protéger par ses supérieurs qui ne risqueraient pas de perdre quelqu’un avec un tel don pour les espèces aviaires, tout cracmol soit-il. Certains des animaux de la réserve ne se laissaient approcher que par lui et lui seul, notamment un augurey farouche qui avait été retrouvé au bord de la mort. Il était resté à ses côté jours et nuits jusqu’à ce qu’il se rétablisse et depuis, personne ne pouvait le soigner à par lui. Fort heureusement, il se laissait quand même inspecter par d’autres. Cet augurey, c’était la raison pour laquelle Declan avait essayé d’aller à la réserve alors qu’il était en vacances. Ou plutôt, il avait été mis en vacances. Il avait alors découvert qu’il ne pouvait pas et un mot était sorti de sa cheminée pour lui confirmer ses soupçons.

Grommelant tout son saoul, il avait fait avec, jusqu’à ce que Bundy lui tourne allègrement autour, accompagné de Serenity et qu’il cède devant les volatiles. Ce cirque était leur façon de lui faire comprendre qu’ils voulaient sortir même si pas de réserve. Un parc moldu aurait pu faire l’affaire, mais Bundy restait un oiseau trop particulier. Pourtant, il n’avait pas plus confiance en un parc sorcier. Si un marmot sang-pur piquait une crise, pas dit que les parents n’essaieraient de s’approprier le vivet doré. Sans magie, il ne pourrait pas contrer. Certains auraient qualifié ça de paranoïa, mais le problème s’était en réalité déjà posé et seul un sorcier mieux intentionné avait pu régler l’affaire, rendant Declan plus aigri encore. Finalement décidé, le vivet sur son épaule, la chouette derrière lui puis loin devant, il se mit à marcher vers sa destination. Serenity ne risquait pas grand-chose, les chouettes étaient si communes que personne ne s’en prendrait à elle et de toute façon, elle avait de très bonnes serres, très bien entretenue par un propriétaire très zélé. Qui possédait qui, c’était une autre histoire. Arrivé au parc, Declan ne s’attendait pas à assister directement à un drôle de spectacle. Son effraie, boudant sur une branche, toisant une inconnue qui s’excusait d’il ne savait quoi. Toute enceinte qu’elle était, si elle avait touché à sa chouette, ça se passerait mal. Pourtant, la colère déjà grimpante retomba quand Serenity choisit de se poser sur le bras de l’inconnue puis remonter sur son épaule. « Faites attention. Ses serres sont particulièrement acérées. » La tête tournée vers son propriétaire, l’oiseau observe son humain, puis l’autre humain. « Serenity n’agit pas ainsi d’habitude. » Et Declan en serait presque jaloux, tout comme Bundy, qui d’ailleurs s’empresse de sortir de la poche du cracmol pour voleter autour de l’inconnue. « Bundy ne commence pas. » L’homme bougon est de sortie parce qu’il est inquiet pour ses animaux, ses oiseaux qu’il aime plus qu’il n’a jamais pu apprécier aucun autre membre de son espèce.

darkness can turn into light

avec @declan chambers

Merlyn ne se risqua pas à caresser la chouette, mais elle était tout de même ravie que le noble animal ait décidé de venir se poser sur son épaule. Elle était prête à discuter avec elle tout l’après-midi, à lui expliquer pourquoi elle avait crié pour que l’écureuil puisse s’enfuir. Bavarder avec les animaux dont elle s’occupait, c’était sa spécialité. Elle se fichait qu’ils ne lui répondent pas avec des mots, elle arrivait toujours à instaurer un dialogue, autrement. Mais pourtant, alors qu’elle parlait au rapace, une voix bien humaine lui répondit. « Faites attention. Ses serres sont particulièrement acérées. » Merlyn tourna à peine la tête vers l’homme avant de retourner à l’oiseau. Bon, elle n’était pas stupide, elle savait que les rapaces avaient des serres faites pour chasser. Elle n’avait pas besoin des conseils d’un type lambda, merci. Elle n’avait pas l’intention d’entamer la discussion avec le nouveau venu, elle était même assez dépitée que quelqu’un soit venu s’immiscer dans sa bulle. « Serenity n’agit pas ainsi d’habitude. » Ah, parce qu’en plus il était le propriétaire de la chouette. Merlyn ne pourrait donc pas totalement l’ignorer si elle voulait continuer à porter l’oiseau encore un moment. « Elle m’aime bien, alors. » Répondit-elle d’un ton léger, sans le regarder. Un petit sifflement lui fit à nouveau tourner la tête vers l’homme, et elle vit jaillir une petite boule dorée qui voletait dans sa direction. « Bundy ne commence pas. » Les yeux de Merlyn s’éclairèrent quand elle reconnut le petit oiseau. « Bundy ! » Répéta-t-elle, émerveillée, en levant les mains devant elle dans l’espoir qu’il se pose. Il n’en fit rien, se contentant de filer autour d’elle de ses trajectoires erratiques et imprévisibles, mais Merlyn était heureuse malgré tout et se satisfaisait de le regarder. Elle avait rarement vu des vivets dorés ailleurs que dans les réserves où elle était passée, et même là, ils se faisaient rares. « Il vous appartient ? » Demanda-t-elle soudain, un peu méfiante. Les vivets dorés étaient protégés et il était interdit de les capturer. Elle avait déjà eu affaire à des braconniers et ils étaient sûrement la pire engeance d’humain qui soit, à ses yeux.

Elle détourna son regard du petit oiseau pour regarder franchement l’homme en face d’elle, cette fois. Histoire de voir à quoi le potentiel braconnier pouvait bien ressembler. Elle fronça les sourcils en reconnaissant le visage renfrogné, mais elle eut du mal à le replacer. Comme ils étaient en dehors du contexte où elle l’avait déjà rencontré, elle était bien en peine de dire d’où elle le connaissait. En tout cas il n’était pas un braconnier, elle en était presque sûre. « On se connaît, non ? » Elle ne s’encombrait pas de fioritures, Merlyn. Plus maintenant. Elle voulait juste savoir d’où elle connaissait ce type. Il était anglais, mais ça ne voulait plus rien dire, les sorciers voyageaient si vite maintenant … Elle en savait quelque chose. « Vous avez passé du temps en Ecosse ? » Peut-être qu’elle l’avait croisé quand elle était en formation là-bas. Depuis qu’elle était enceinte, elle avait l’impression que sa mémoire s’effilochait, c’était terrible. Elle espérait que ça s’arrangerait quand elle aurait accouché – bien qu’elle n’ait pas la moindre envie que ce jour arrive.

par beloved.

@merlyn machen ― •• in another life

Declan aimait ses animaux, s’il le pouvait, il vivrait même dans la réserve. La chose était possible pour certaines personnes, mais son patron avait refusé tout net cette option le concernant. Ce n’était pas de la malveillance, que du contraire. Car s’il le pouvait, Declan s’isolerait du monde avec un plaisir certain et ne s’en sentirait pas affecter le moins du monde. C’était tout le problème que son cas représentait. Il était compréhensible qu’il ne veuille plus s’emmerder avec le monde, mais il ne pouvait pas être permis qu’il s’isole et se ferme. Chose qu’il faisait pourtant très bien, quand ses oiseaux n’avaient pas décidé d’agir à contresens de ses envies, comme maintenant. Declan ne pouvait pas leur en vouloir évidemment, ses oiseaux voulaient sortir, voler, prendre l’air. C’était juste toujours un peu compliqué pour Bundy. Un cas très spécial qui avait dû passer par des voies détournées. Encore une chose qu’il ignorait. Quoi qu’il en soit, le vivet doré ne lui appartenait pas, pas selon les codes sorciers ou moldus. L’animal avait choisi de son propre chef.

Après avoir prévenu l’inconnue du risque potentiel que pouvait représenter Serenity, Declan se sentait dédouaner de toutes responsabilités. Certes, les sorciers avaient l’habitude des chouettes, mais la sienne avait réellement des serres plus acérées que la moyenne. Non pas qu’il les aiguisait, jamais de la vie, c’était juste un fait. Cet oiseau avait trouver une solution pour ça et il ne savait toujours pas laquelle. À croire qu’elle savait que son humain n’était pas le bienvenu dans ce monde et cherchait à être efficace pour le protéger. « Il semblerait. » Ennuyé de ne pas pouvoir contester ce fait, Declan n’est évidemment pas très ouvert à la discussion. Cela dit, ce n’est jamais le cas, qui qu’il puisse avoir en face de lui. Mais bien entendu, rien n’était fini puisque Bundy réclamait aussi de l’attention. Ses oiseaux étaient des divas en puissance, trop ravi d’attirer le regard d’autres que leur maître attentionné, mais grincheux. « Oui et non. Je l’ai soigné, il n’a jamais voulu rester à la réserve après ça, ni me quitter. » Le regard dur, il craint qu’on ne tente de s’approprier cette boule de plumes qu’il affectionne tant. Trop conscient que la plupart des sorciers trouveraient excessivement vexant qu’un sous-être soit honoré de la présence d’un tel animal. Certes, sa condition ne sautait pas aux yeux, mais il devenait rapidement évident de ce qu’il était quand aucune baguette n’était sortie quoi qu’il arrive.

Laissé suspicieux pas la question d’une potentielle connaissance, Declan ne sait pas trop comment aborder la réponse. Ce n’est pas impossible, mais il devait bien reconnaître qu’il ne faisait pas particulièrement attention aux gens qu’ils croisaient, pas plus qu’eux ne faisait attention à lui. Si le mot cracmol n’était pas marqué sur son front, le fait qu’il soit habillé constamment façon moldu emmerdait forcément. « Possible. » Car ça l’était et il ne savait guère quoi ajouter à ça. « Écosse, Irlande, Inde, Australie, États-Unis. Je vais où on me demande d’aller quand il s’agit d’oiseaux ou d’animaux volants. C’est mon travail. » Un effort Declan, allez. « Je suis soigneur. » On avait bien essayer de l’embaucher comme dresseur en lui payant une fortune, même comme traqueur. Bien entendu, il avait refusé tout net, ne supportant pas l’idée d’enlever leur liberté à ces animaux, d’une manière ou d’une autre. Il avait même été jusqu’à donner le nom de ceux qui avaient voulu l’embaucher comme traqueur. Il ne supportait pas ce genre de personnes. Son poing s’était plus d’une fois écrasé sur le nez d’un sorcier trop avide de posséder une espèce rare ou simplement un bel oiseau juste pas intérêt de se montrer. Les animaux n’étaient pas des ornements.